éloge du sandwich.
"Il est à croquer" fut ma première pensée en voyant ce sandwich long, fin et dont l'élégance n'avait d'égal que le gout qu'il laissera sur ma langue. Je m'abandonne aux idées viles et je prends un plaisirs presque pervers à la première bouchée. Le gout venait en moi tel un courant marin dont la pureté salvatrice me donnait des frissons. Je tâtais ce sandwich avec délectation, ce qui aurait pu amuser ce cher Roland Barthes. Et je mâchouillais durant un laps de temps cette bouchée merveilleusement aromatisé. La mastication est une masturbation du sens du gout. Je repris une bouchée et le plaisir en fut tout aussi exquis. Cela dura près de vingt minutes, n’entendant plus rien et puis juste fasciné par le claquement mélodique de mes dentes et le craquement symphonique du pain. La salade malicieuse se coinçait entre mes dents, mais je la libérai d’un coup de langue furtif. Je bouffai le sandwich d’une façon barbare, le broutai. Et dès qu’il fut fini, je fis retentir du fond de ma gorge le doux bruit du rejet alimentaire, avant d’aller en acheter un autre.